… « Ici, point de conception rousseauiste, apaisante ou romantique de la nature, mais au contraire le relevé détaillé du combat épuisant et toujours renouvelé entre celle-ci, qui se bat pour exister, et le règne humain… Une nature guerrière donc, prête à tout pour tenir debout, et qui sera toujours la plus forte…

…Herbes folles et ronces se ruant sur les talus dans la plus grande confusion, arbres agités par le vent : hormis le grand talent qu’elles manifestent, ces images nous troublent car elles semblent entretenir de subtiles correspondances avec l’esprit humain traversé de forces, pulsions et courants divers qui souvent lui échappent. Leur effervescence perpétuelle, leur fouillis tumultueux, leur ténacité aussi, que Claire Illouz explique lui être une leçon, disent à leur façon, ô combien éloquente, les méandres, étapes, tours et détours de la création.

…Claire Illouz poursuit un œuvre riche en inventions esthétiques et ouvert sur le monde. Qui, parce qu’il sait garder la trace des déséquilibres, des questions, des visions et des courants contraires qui le traversent et menacent de tout engloutir… en sort renforcé. Ses images ne nous font pas seulement rêver par leur beauté, leur composition et leur puissance, parfois même leur violence, elles nous entraînent aussi dans un abîme de réflexions. »

Laurence Paton, Asphalt Jungle, ou nature et violence, catalogue de l’exposition « Claire Illouz, les abords du paysage »
Musée Louis Senlecq, Ed. Liénart, 2022

… « Elle dévoile les richesses de sols abandonnés et pose les angoisses d’ herbes folles en disgrâce, étouffées, suppliantes, résistantes ou rebelles ; elle poursuit son tracé, renforce, soustrait, fait disparaître, apparaître et ciselle. Au creux des talus et au pied des herbes, elle étend des teintures de douceur, délavées, brunies ou argentées, et prend ses distances avec la figure pour ne cerner ici qu’un état des lieux, une vie, une vitalité, une bouffée d’oxygène, un silence, une atmosphère .. Elle nous fait écouter le soupir des dernières résistances d’un monde écrasé par nos indifférences ou pire encore, nos foulées meurtrières.

Pour nous, peut-être le temps de reprendre conscience d’avoir oublié quelque chose d’important au cœur de nos promenades aveugles. »

Hélène Poisot, 2018

« Nous avons grand besoin des peintres pour laver notre regard et nous reconduire ainsi à l’inépuisable du visible. Bien plus qu’hier, nous en avons besoin aujourd’hui où nos yeux, comme nos routes, sont programmés: écrans de contrôle, sortie obligatoire, passage obligé, flashs à toute heure… Nos pas comme notre vision sont balisés dès l’enfance.

Mais voici, leçon ardente et douce, que la main d’un peintre vient nous délivrer de cette cécité inconsciente et programmée. Son geste nous conduit vers le peuple des talus, fissure le béton de nos avenues pour y voir pousser l’herbe, y voit surgir, soudain vivantes à nouveau, ces choses de rien que nous avions abandonnées et qui, par la qualité de son attention, trouvent une dignité seconde, il devine dans des passants anonymes ceux qui marchent vraiment et se soustraient ainsi aux chemins tracés d’avance.

Une belle inquiétude conjoint ici, avec une humble audace, la terre et le ciel, le tout proche inconnu et la ville, soudain d’une inquiétante et belle étrangeté. Du noir aux infinies modulations du gris, une main nous guide avec ce qu’il faut de force et d’angoisse pour accepter de se perdre, de glisser dans le fouillis du temps, des choses et du vivant. Se perdre un moment, mais pour respirer plus au large, comme cette ville, au loin sous le grand ciel, et qui, d’être quittée, peut devenir promesse. »

Pascal Riou

« Et si nous passions sans jamais regarder ce qui nous entoure ? Le regard de Claire Illouz capte le mystère des objets dans leur réalité insoupçonnée. Pour mieux « nous faire connaître cette réalité loin de laquelle nous vivons », comme l’écrivait Proust. Là commence son aventure visuelle, enracinée dans une contemplation qui précède la ferveur de son geste. Quel que soit le format, la monumentalité revendique une présence par le recours à l’infiniment petit. Ses gros plans isolent un morceau de nature, avec une inversion d’échelle troublante. Nous regardons comme derrière une loupe. La gravure, que l’artiste pratique avec l’excellence d’un métier qu’elle maîtrise depuis de longues années, lui a donné le goût de la ligne déliée, souple, frémissante sur la plaque de métal comme sur la feuille de papier. Le fusain, le lavis, la sanguine, l’aquarelle participent d’un dessin mimétique. La ligne écrit ce foisonnement de feuilles lancéolées sur le bord du talus, le buisson d’orties, autant qu’elle suggère l’air qui circule entre ces végétaux disparates et ces plantes herbacées, transfigurés par la lumière. Nous découvrons un univers familier au pouvoir d’émerveillement inattendu.

Ce poème champêtre est le résultat d’une lente et consciencieuse observation, carnet et crayon en main, qui se transfigure en une méditation sur l’intimité des choses. L’activité part du chaos pour parvenir à l’ordre, arpente l’espace pour une lecture renouvelée de son modèle qui accompagne la remise sur le métier. Le corps se plie, s’ajuste au cadrage comme le crayon se tient à l’affût de la perception. Le langage de Claire Illouz s’articule autour de plusieurs thèmes. I1 y a ainsi ceux des objets remisés au grenier et des piles de livres. L’interrogation est identique pour capturer l’image et ce qu’elle cache. Le dessin et la peinture donnent à voir et à interpréter. Claire Illouz le sait, qui interroge la levée des formes, leur relation à l’espace à partir des réserves du papier ou des fonds neutres de la toile pour une vibration particulière où la lumière installe des valeurs sensibles. Les effets de noir du fusain écrasé, de l’apparence poudreuse de la sanguine jouant avec la texture du papier, la couleur délavée dans l’eau constituent autant d’interventions pour retrouver l’impression première, fugitive et cependant éternelle du regard qui s’est posé sur une beauté infinie et secrète. Les dessins et les peintures de Claire Illouz sont du côté de la révélation. »

Lydia Harambourg, La Gazette de l’hôtel Drouot – 8 octobre 2010 

« Plus l’objet est jeté hors du champ d’action de la pensée, plus elle l’élit comme motif privilégié d’un corpus qui contribue à identifier son travail. Les accumulations de livres, d’objets résiduels, de pots de terre, conjurent le chaos dans d’étranges assemblements leur attribuant une autre image. Le regard s’ajuste de même lorsqu’il bute sur le talus, où s’amoncellent brins d’herbe et feuillage. Son crayon revient, persistant, insistant, pour reprendre chaque tige, comme il revient sur les formes fragmentées du tesson. Rien n’a changé, mais tout est différent. »

Lydia Harambourg, La Gazette de l’hôtel Drouot – 16 janvier 2009

« Les « natures mortes » de Claire Illouz , cela saute aux yeux, s’inscrivent dans le droit fil de cette tradition majeure de la peinture Européenne…Suivant ce fil d’Ariane, elle fait parcourir aux objets un étonnant itinéraire : elle les situe dehors à l’air libre… Les voilà qui forment un étrange chœur. Ils chantent les paroles de notre temps, souvent prémonitoires… »

François Hilsum

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